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La voiture 100 % électrique n’est probablement pas la seule solution

Publié le 27/02/2023, modifié le 13/03/2024

C’est lors du dernier salon de Bruxelles que l’ACL Pro Fleet a eu l’opportunité de s’entretenir avec Linda Jackson, CEO de la marque Peugeot au sein du groupe Stellantis. L’occasion d’avoir des clarifications quant au positionnement de Peugeot par rapport à l’électrification de l’automobile.

Aux dernières nouvelles, la réponse de l’Europe pour réduire les émissions de CO2 est d’abolir la vente des voitures thermiques dès 2035. Comment se positionnent Peugeot et le groupe Stellantis ?
LJ : D’abord rappelons que les constructeurs ont été poussés vers l’électrification de leurs véhicules par la Commission européenne qui considère que c’est la solution pour atteindre les objectifs fixés en termes d’émissions CO2 à l’horizon 2030 à 2050. Nous n’avons donc pas le choix car d’une part, nous devons respecter la législation et d’autre part, c’est aussi une question d’éthique.

Comment Peugeot se prépare-t-il à l’électrification massive de sa gamme ?
LJ : Nous avons établi notre « roadmap » qui a débuté en 2019 avec la e208 (BEV 100 % électrique). Aujourd’hui tous nos modèles proposent une variante électrifiée (HEV, PHEV ou BEV*). D’ici 2025 nous introduirons 5 nouveaux modèles BEV pour offrir une gamme complète 100 % électrique avec pour objectif que toutes nos ventes en Europe soient 100 % électriques en 2030. Entretemps, nos ventes ont évolué de 1/6 véhicules électrifiés en 2021 à 1/3 aujourd’hui. Une accélération rapide qui est à mettre à l’actif des modèles BEV en raison des primes et autres incitations gouvernementales.

Pensez-vous que cette accélération de l’électrification va continuer au même rythme ? 
LJ : Nous ne pouvons le savoir car d’une part, cela dépend du développement de l’infrastructure de recharge et d’autre part, de l’évolution des coûts des véhicules BEV. Les constructeurs travaillent sur la portion « coût véhicule » mais c’est désormais au tour des gouvernements et des acteurs de l’énergie de faire en sorte que l’infrastructure suive.

Une voiture électrique est chère, comment la rendre accessible au plus grand nombre ?
LJ : Chez Peugeot nous avons misé sur la formule « Peugeot As You Go » que nous lancerons prochainement en France pour ensuite la déployer à travers l’Europe. Il s’agit d’une offre similaire au leasing privé sur une durée de 3 ans mais, ultérieurement, nous envisageons aussi des formules d’abonnement sur 6 ou 9 mois pour plus de flexibilité. Notre but étant de proposer une Peugeot e208 pour 150 €/mois, aides gouvernementales incluses.

En résumé, vous vous positionnez en concurrent des sociétés de leasing ?
LJ : Tout à fait ! Et cela pose la question de savoir si les gens vont continuer à posséder leur voiture ou plutôt l’utiliser comme service de mobilité à la demande à l’image de Netflix pour les films ! Nous pensons que si nous proposons de bons produits avec des formules de location ou d’abonnement intéressantes, les clients franchiront le pas. Cette formule permettra aussi de changer de véhicule au cours de la durée du contrat pour répondre aux besoins d’une famille qui s’agrandit ou simplement pour partir en vacances.

Que pensez-vous de la problématique de recharge des BEV à laquelle seront confrontés les citadins vivant en appartement sans borne privée ?
LJ : L’infrastructure est un réel problème au niveau de sa disponibilité et de ses tarifs. A ce sujet, nous proposerons une carte Peugeot de recharge universelle donnant accès à 350 000 bornes en Europe avec des tarifs négociés au plus juste. Ce n’est pas encore disponible actuellement mais nous y travaillons.

Revenons sur le choix de l’Europe pour le véhicule électrique. Pensez-vous que nous allons réellement vers 100 % de véhicules électriques au-delà de 2035 ou voyez-vous d’autres possibilités de développement en parallèle ?
LJ : Nous allons actuellement vers le 100 % électrique mais je ne pense pas que ce soit la solution finale et définitive pour toutes les applications. Par exemple, sur nos grands véhicules utilitaires, nous envisageons sérieusement la solution hydrogène pile à combustible (PAC). Pour le moment cela ne s’applique pas aux voitures particulières mais les développements futurs permettront probablement de les adapter. Certains constructeurs allemands et japonais considèrent aussi les carburants synthétiques comme une autre alternative. Cela veut dire qu’à ce stade, il est bien trop tôt pour dire qu’on aura l’une ou l’autre technologie.

Si je traduis vos propos, serait-ce correct de dire que le futur se basera probablement sur une certaine diversité technologique qu’on choisira au mieux selon les applications de mobilité ? Ainsi il serait possible de voir cohabiter différentes solutions technologiques ?
LJ : Absolument, c’est exactement comme cela que le groupe Stellantis envisage le futur et c’est pour cette raison qu’on ne peut se permettre de privilégier une solution par rapport à une autre. Malheureusement nous sommes actuellement forcés dans la voie du 100 % électrique par l’Europe mais de nouvelles technologies continuent d’être développées et finalement l’usager aura aussi son mot à dire car on ne peut contraindre la population avec une seule solution qui serait inaccessible pour certains. S’il faut travailler pour résoudre la crise climatique, il faut aussi veiller à ne pas créer de crise sociale.

Peut-on s’attendre à des chamboulements technologiques dans les prochaines années ?
LJ : Effectivement, je suis persuadée que ce qui se passera dans les 5 prochaines années sera bien plus important que ce qui s’est passé au cours des 3 dernières décennies ! Désormais chaque mois, nous voyons des avancées technologiques dans de très nombreux domaines car tout le monde travaille en urgence dans ce sens.

Pour conclure, est-il juste de dire que les différents choix technologiques doivent tenir compte de nombreux facteurs tout en considérant la réalité du terrain au sein de la population ?  
LJ : C’est en effet une bonne conclusion, et pour cela il est primordial de continuer à communiquer et d’informer la population sur ce sujet particulièrement complexe afin qu’elle puisse se faire une opinion fiable et s’exprimer ensuite auprès de nos politiques.

Pour en savoir plus ou poser vos questions, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse fleet@acl.lu.

* Légende des abréviations utilisées :
BEV : Battery Electric Vehicle (Voiture 100 % électrique)
PHEV : Plug-in Hybrid Electric Vehicle (Voiture hybride rechargeable sur secteur)
HEV : Hybrid Electric Vehicle (Voiture hybride auto-rechargeable

Crédit photo : Peugeot